Avec sa voix atypique, Paul Cassan émerge du paysage musical francophone. Son écriture singulière et assurée se glisse sur les harmonies d’une pop moderne ; et vous donne l’impression d’embrasser les époques. Comme si Trenet chantait sur du Sagazan. Et offrait un feu d’artifice cathartique dans la constellation musicale.
Entre profondeur, sens de la narration et musicalité, “La Scène”, “Un bruit de Bang”, “Mamie”, vous entraîneront dans un univers poétique, théâtral et cynique où l’enfance du ton se mêle à l’acerbité des propos. C’est du velours et des orties. C’est une voix, enfin, si singulière et qui nous rappelle, comme une Madeleine de Proust, à des airs connus. De Brel, de Gainsbourg. A ces chanteurs qui contaient et interprétaient. Et qui n’hésitaient pas à décliner leur sensibilité depuis les interrogations mélancoliques jusqu’aux questionnements sociaux. Des mots comme des lames de rasoir.
Et la violence, d’ailleurs, point toujours, de-ci, de-là : guitare, nappe électrique et percussions dynamiques. “Le rouge n’est pas le même”, chante-t-il désabusé. Puis il se pose, et, tendrement, un sourire en coin, vous parle d’amour, de beauté, de tendresse ; et vous laisse au coeur la mélancolie des temps qui passent. Harmonie planante et doucereuse. Piano, arpèges, bouquets de mots.